Paru dans Paris Match Mardi 21 Juillet 2009
Beyrouth, à savourer comme un mezze
Elue première destination mondiale pour 2009 par le « New York Times » et dans le top 10 des villes « à voir » par le guide « Lonely Planet », Beyrouth a le vent en poupe. Ceux qui en reviennent ne jurent que par ses fêtes, ses plages, l’inégalable sympathie de ses habitants et l’excellence de sa cuisine. Tant de louanges, est-ce bien mérité ? Voici notre verdict.
Cécile Guéret - Paris Match
Cela commence par un murmure. « Taboulé, fattouche, hommos, wara’ariche... » Le maître d’hôtel énumère les spécialités. Attentif, il faut hocher la tête, dire « eh » (oui) plus que « lah » (non), indiquer les quantités. Avec l’arak, alcool anisé, voilà le premier round : le cru. Une corbeille de légumes, des olives, un tourbillon de moutabal (caviar d’aubergine), du foie extra-frais... Deuxième round : le cuit. Artichauts, cervelle au citron, kebbé (gâteau de viande), petits oiseaux à la grenade... Troisième round : les grillades. De poisson, si vous avez les pieds dans l’eau ; de viande si vous êtes en montagne. Chacun picore à son rythme, une feuille d’endive ou un bout de galette (lo’meh) en guise de cuillère. On fait une pause, fumant le narguilé. Le temps s’étire au rythme des dizaines de plats qui s’accumulent sur la table. Parce qu’un mezze « se monte », on ne débarrasse pas. On fait durer le plaisir. Deux, trois heures. « Partager un mezze, éclaire Kamal Mouzawak, ardent défenseur du patrimoine gastronomique libanais, c’est être avec des gens, se faire goûter l’un à l’autre, avoir du plaisir à être ensemble. » L’occasion de se retrouver en famille, de philosopher avec ses amis, et d’accueillir l’étranger avec faste. Un moment de convivialité et de générosité à l’image du Liban, mosaïque de goûts, d’influences et de couleurs.
La nourriture a l’art de réconcilier les communautés
Beyrouth, à savourer comme un mezze
Elue première destination mondiale pour 2009 par le « New York Times » et dans le top 10 des villes « à voir » par le guide « Lonely Planet », Beyrouth a le vent en poupe. Ceux qui en reviennent ne jurent que par ses fêtes, ses plages, l’inégalable sympathie de ses habitants et l’excellence de sa cuisine. Tant de louanges, est-ce bien mérité ? Voici notre verdict.
Cécile Guéret - Paris Match
Cela commence par un murmure. « Taboulé, fattouche, hommos, wara’ariche... » Le maître d’hôtel énumère les spécialités. Attentif, il faut hocher la tête, dire « eh » (oui) plus que « lah » (non), indiquer les quantités. Avec l’arak, alcool anisé, voilà le premier round : le cru. Une corbeille de légumes, des olives, un tourbillon de moutabal (caviar d’aubergine), du foie extra-frais... Deuxième round : le cuit. Artichauts, cervelle au citron, kebbé (gâteau de viande), petits oiseaux à la grenade... Troisième round : les grillades. De poisson, si vous avez les pieds dans l’eau ; de viande si vous êtes en montagne. Chacun picore à son rythme, une feuille d’endive ou un bout de galette (lo’meh) en guise de cuillère. On fait une pause, fumant le narguilé. Le temps s’étire au rythme des dizaines de plats qui s’accumulent sur la table. Parce qu’un mezze « se monte », on ne débarrasse pas. On fait durer le plaisir. Deux, trois heures. « Partager un mezze, éclaire Kamal Mouzawak, ardent défenseur du patrimoine gastronomique libanais, c’est être avec des gens, se faire goûter l’un à l’autre, avoir du plaisir à être ensemble. » L’occasion de se retrouver en famille, de philosopher avec ses amis, et d’accueillir l’étranger avec faste. Un moment de convivialité et de générosité à l’image du Liban, mosaïque de goûts, d’influences et de couleurs.
La nourriture a l’art de réconcilier les communautés
Ainsi, la mouhamara, crème de noix et de piment, rouge brique, est arménienne. Le falafel égyptien, le chiche-kebab d’origine ottomane. Dans ce pays composé d’une vingtaine de communautés religieuses, la nourriture a l’art de réconcilier tout le monde. Cliché inévitable, Beyrouth est aussi, bien sûr, la ville des contrastes. Partout où le regard se pose cohabitent le beau et le laid, le riche et le pauvre, l’exubérance et la pudeur. Une promenade sur la corniche donne une petite idée de la tectonique des plaques à l’échelle libanaise. A l’extrême est, le Saint-Georges, hôtel dont la façade soufflée par l’attentat contre l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, rappelle les heures sombres.
Sinistres flashs d’actualité que tout le monde ici, au regard du calme dans lequel se sont tenues les dernières législatives, espère relégués au passé. Un peu plus loin, des piscines privées, avec ponton pour l’arrivée des yachts, montrent que le tourisme repart. Golden boys du monde entier, beautés bronzées et siliconées, le futile à quelques pas du tragique. En fin d’après-midi, tricycles et chaises pliantes assaillent le bord de mer, la corniche redevient familiale et populaire. On prépare du café dans les coffres ouverts des voitures, autoradio à plein volume. Les filles en voiles multicolores côtoient les joggeurs, les vendeurs de kaaks (petits pains ronds) et les enfants lorgnant sur les barbes à papa.
Enfin, la nuit venue, la ville se fait effervescente, prête à danser jusqu’au petit matin. « Beyrouth est une éprouvette, assène le musicien Khaled Mouzanar. Un mélange d’anarchie, de non-sens, de sublime et de précaire. Nous avons hérité de la guerre un sentiment d’urgence, une soif de vivre, qui nous pousse autant à faire la fête qu’à monter des projets. Tout est possible ! » Une intensité à vivre curieusement contagieuse car il y a ici une énergie qu’on ne trouve pas ailleurs. Un peu du meilleur des grandes villes du monde, saupoudré sur un petit Beyrouth que l’on découvre chacun à son rythme et à son goût. Comme un assortiment de mezze.
Carnet de route pour escapade savoureuse
Se loger
L’Albergo Au cœur du vieux Beyrouth, dans le quartier d’Achrafieh, c’est l’unique Relais & Châteaux du Liban. Une maison 1930 décorée de mille et un détails précieux : lustres ottomans, tapis orientaux, coffres... Une atmosphère raffinée et envoûtante. Dotée d’une petite piscine, la terrasse, est un lieu prisé pour l’apéritif ou le dîner. Avec vue sur toute la ville, de la mer aux contreforts du mont Liban. A partir de 270 dollars la suite. 137, rue Abdel Wahab El Inglizi. Tél. : + 961 (0)1 339 797. www.albergobeirut.com
L’Hôte libanais Le site Internet, en anglais et français, ne permet pas de voir les hébergements, nettement plus simples qu’annoncé. Cela reste tout de même très sympa de vivre chez un « vrai » Libanais. Notre hôte, d’une gentillesse inouïe, était une mine d’anecdotes ! A partir de 51 euros la chambre double avec petit déjeuner. www.hotelibanais.com.
L’Intercontinental Vendome Beau cinq-étoiles sur la corniche. Tout y est king size : le lit, le balcon, la vue sur la baie... Les chambres donnent d’un côté sur la mer, de l’autre sur des immeubles criblés d’éclats d’obus. Tellement Beyrouth ! A partir de 390 dollars la suite. 13, Ain Mreysseh, tél. : +961 (0)1 369 280. www.levendomebeirut.com.
Nos restaurants
Halabi A la sortie de Beyrouth, venez déguster les meilleurs « mezze de terre » (de viande) du pays. Foie cru, kebbé, oiseaux à la mélasse de grenade, cervelle, artichauts, blettes, hommos... A Antelias (toute l’année, tél. : 04 523 555) et Ajaltoun (l’été seulement : 09 2 380 888).
Palace Café Restaurant populaire, les pieds dans l’eau. Au milieu d’une clientèle musulmane et familiale, on peut passer l’après-midi à picorer mezze et poissons grillés, ou à y fumer le narguilé. A Manara, sur la corniche, au pied du phare. Tél. : 01 364 949.
Sahyoun Le snack de sandwichs-falafels de la ville. Un régal à déguster en drive-in ou assis sur le trottoir. Rue de Damas.
Chez Boubouffe Les meilleurs chawarmas (veau ou poulet mariné cuit au feu de bois) de Beyrouth ! Très bon marché. Rue Mar Mitr. Tél. : 01 200 408.
Plages
Eddé Sands Un grand complexe balnéaire, avec une plage de sable, de multiples piscines, un spa, six restaurants et des bungalows privatifs. Décoration élégante. A Byblos. Tél. : 09 546 666. www.eddesands.com , 20 dollars l’accès.
Batroun Allez prendre l’air du large dans les ruelles de cette ravissante cité phénicienne, à 50 kilomètres au nord de Beyrouth. Une crique de galets vous tend les bras après un déjeuner inoubliable chez Maguy (à droite de la plage, 03 439 897). Coquilles Saint-Jacques et poissons pêchés à vos pieds ! www.batroun.com
Bars et boîtes de nuit
Moins show-off que les bars de la rue Gemmayzé (qui n’ont rien d’exceptionnel), Le Baromètre (rue Abdul Al Aziz, dans Hamra. Tél. : 03 678 998) est réputé pour être un repaire d’artistes underground. Sympathique.
Fuyez le White (odieux !), allez au Basement, lieu incontournable de la musique électronique. Plus de quatre artistes à l’affiche chaque semaine, deux DJs internationaux par mois. Le lieu où faire la fête ! Avenue Charles Helou. myspace.com/thebasementbeirut
Beyrouth pratique
Vols directs quotidiens Air France à partir de 530 euros l’aller-retour. Rens. et résa. : www.airfrance.fr
Office du tourisme du Liban, 124, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris VIIIe. Tél. : 01 43 59 10 36. Le site du ministère du Tourisme libanais : www.destinationlebanon.gov.lb
http://www.parismatch.com/Conso-Match/Voyage/Actu/Beyrouth-a-savourer-comme-un-mezze-114518
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